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ont été faites de ce document, remarquable par le style, par la vigueur et l’élévation des pensées.

Quelques jours après, le général Cafarelli fut envoyé au fort de Joux par ordre du gouvernement. Sa mission avait pour but, — « de se rendre auprès de T. Louverture pour entendre les révélations qu’il avait annoncé vouloir faire au gouvernement[1], — de savoir de lui quels traités il avait faits avec les agens de l’Angleterre, — de pénétrer ses vues politiques, — et d’obtenir des renseignemens sur l’existence de ses trésors. »

Tel fut l’objet de cette mission, d’après le rapport du général Cafarelli, daté de Paris le 2 vendémiaire an XI (24 septembre 1802), que nous avons lu aux archives. Mais ce général ajoute dès le début : — « qu’il n’y est pas parvenu, parce que cet homme, profondément fourbe et dissimulé, maître de lui, fin et adroit, mettant dans ses discours une grande apparence de franchise, avait son thème préparé, et n’a dit que ce qu’il voulait bien dire. »

On ne peut disconvenir que ce portrait moral du prisonnier de Joux ne soit basé sur son caractère bien connu. Néanmoins, nous pensons qu’il a parlé avec une extrême franchise au général Cafarelli, d’après la lecture attentive que nous avons faite du rapport de ce dernier et du mémoire qui lui a été remis par T. Louverture, pour être présenté au Premier Consul. Mais, son caractère et ses actes ayant fait naître des préventions contre lui, le général Cafarelli les partageant sans doute, il n’est pas étonnant qu’il ait conclu ainsi.

  1. Sa lettre du 20 juillet, de Brest, disait au Premier Consul qu’il était prêt a avouer ses fautes : de là la pensée qu’il voulait faire des révélations sur toutes les imputations dont il avait été l’objet.