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Bayonne. Cette famille fut accueillie avec beaucoup de bienveillance par les autorités de cette ville : elle y arriva le 1er septembre, dans le plus grand dénûment de toutes choses. Le 4, le général de brigade Ducos, commandant de la place, écrivit une lettre au ministre de la marine, où se trouvait cette expression d’un cœur compatissant : « Si j’étais plus fortuné, je viendrais à leur secours. » Il faisait savoir à quelle misère étaient réduites ces personnes. De même que le préfet Nogaret, qui réclama la sollicitude du gouvernement en faveur de la famille de Rigaud, le général Ducos honora son pays en s’honorant lui-même. La famille de T. Louverture reçut du gouvernement une allocation de 150 francs par mois.


Revenons à T. Louverture.

Il paraît qu’aussitôt son entrée au cachot, il sentit la nécessité ou la convenance de rédiger son mémoire, — ses lettres au Premier Consul et au ministre de la marine n’ayant pas empêché qu’il fût relégué à l’extrémité de la France, dans une vallée élevée où il dut ressentir le froid dès son arrivée. Il l’écrivit lui-même ; et plusieurs copies

    origine, et lui parlèrent du général en chef ; elle se ressouvenait d’être sortie de l’habitation Breda, et d’avoir eu un jeune frère. Ces colons se virent alors sur la trace d’une découverte qui ferait plaisir à T. Louverture. « Mais, dit Geneviève, ce ne peut être ce petit garçon qui serait devenu le chef de la colonie ! »

    Cependant, elle déclara que son jeune frère avait eu un doigt de la main gauche brisé dans une circonstance qu’elle relata. Aussitôt, les colons accoururent chez T. Louverture, à qui ils dirent cette particularité. Il se transporta de suite chez Geneviève ; et là, se rappelant mutuellement d’autres circonstances, le doute n’était plus permis : le général en chef avait retrouvé sa sœur ! Il la combla de caresses, ainsi que sa fille Coco et les enfans de couleur de celle-ci ; il leur fit du bien immédiatement, prit Chancy à son état-major, et amena ses sœurs auprès de Madame Louverture.

    Cette conduite fait honneur à T. Louverture.