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lui fait honneur, autant que le dévouement qu’il lui montra dans les récentes circonstances qui venaient de se passer. On aime à trouver la gratitude dans le cœur d’un jeune homme. Placide resta à Belle-Ile-en-Mer jusque dans le courant de 1804.

Le 13 août, à 5 heures du matin, un officier de gendarmerie et quatre gendarmes vinrent prendre à son tour T. Louverture et son domestique, Mars Plaisir, abord du Héros  : ils furent débarqués à Landerneau, petite ville près de Brest, où se trouvait une forte escorte de cavalerie attendant ce prisonnier d’État. Celui-ci voyagea en voiture jusqu’à Besançon, où il arriva dans la nuit du 22 au 23 août : il y fut mis en prison durant une journée ; et le 24, à 2 heures du matin, on le conduisit au fort de Joux, où il fut enfermé dans un cachot.

Chancy, prisonnier à bord de l’Aigle, fut envoyé à Toulon où l’amiral Gantheaume eut des bontés pour lui. Le 2 novembre, avant de l’expédier à Ajaccio, avec d’autres officiers de Saint-Domingue, cet amiral s’honora en réclamant du ministre de la marine, qu’il n’y fût pas placé aux bagnes comme les autres.

Au retour de la Naïade, Madame Louverture, ses fils, Isaac et Saint-Jean, Mlle  Chancy, sœur du jeune officier[1], et leurs domestiques, furent embarqués pour

  1. Chancy, un autre frère, Madame Vernet et Mademoiselle Chancy, étaient les enfans de couleur de Mademoiselle Coco Chancy, femme noire, et du colon Chancy, habitant des Cayes. Mademoiselle Coco était nièce de T. Louverture, étant fille de sa sœur noire nommée Geneviève, qu’il retrouva aux Cayes, en août 1800.

    On raconte qu’à son entrée aux Cayes, T. Louverture fit savoir qu’il avait une sœur nommée Geneviève, anciennement esclave comme lui de l’habitation Breda, qui fut vendue fort jeune à un blanc, lequel l’amena dans cette ville. Comme on connaissait une femme noire de ce nom, demeurant dans le lieu des Cayes appelé la Savanne, des colons allèrent auprès d’elle s’informer de son