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donna de tirer dessus ; il envoya ensuite le capitaine du port Sangos dire au vaisseau amiral qu’il ne pouvait permettre à la flotte d’entrer dans le port, avant d’avoir reçu les ordres du gouverneur général qui était à Santo-Domingo. Ces faits se passèrent le 2 février[1].

L’amiral envoya alors son aide de camp Lebrun, par le canot que montait Sangos[2]. Il joignit Christophe au fort Picolet, et lui dit que l’amiral et le capitaine-général lui ordonnaient de se préparer à recevoir la flotte et les troupes. Christophe trouva étrange qu’on ne lui eût pas écrit, et demanda à Lebrun s’il avait des dépêches pour le gouverneur général. Il n’en avait pas plus pour ce dernier que pour le commandant de l’arrondissement ; mais il était porteur de plusieurs paquets renfermant la proclamation imprimée du Premier Consul aux habitans de Saint-Domingue, qu’il refusa de remettre à Christophe, prétendant qu’il était chargé de les livrer en main propre au général T. Louverture. Son but, sa mission étaient de trouver moyen de répandre cet acte parmi la population.

Cette manière d’agir était diamétralement opposée à ce que le Premier Consul aurait annoncé aux fils de T. Louverture. Elle prouvait une intention d’embaucher, et la population et l’armée coloniale. Car, pourquoi le capitaine-général, envoyé par la métropole, ne signifiait-il pas tout d’abord au commandant militaire du Cap, et par écrit, l’ordre du gouvernement français ?

Néanmoins, Christophe, qui eut quelque indécision en

  1. Mémoires de Boisrond Tonnerre. Ces faits sont encore constatés dans les rapports de l’amiral et du capitaine-général au ministre de la marine, insérés au Moniteur.
  2. Mémoires de Pamphile de Lacroix, t. 2, p. 70. Mais Sangos fut retenu à bord de l’Océan.