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Christophe, livré à lui seul, annonçait le désir de recevoir l’expédition, et de lui donner des fêtes ; que les rues étaient balayées, les casernes nettoyées, et que les habitants et les troupes noires se livraient en ville à une satisfaction générale. L’arrivée secrète de T. Louverture, ajoute-t-il, arrêta ces dispositions amicales. »

Cette dernière assertion étant démentie par les faits, les autres sont nécessairement suspectes d’invraisemblance. Au reste, ce n’est pas la première fois que nous trouvons cet auteur en défaut : d’autres erreurs de lui seront signalées.

T. Louverture n’arriva sur les lieux que le 5 février. C’est donc à H. Christophe que revient l’honneur de la résistance qui fut opposée à la flotte ; car le gouverneur général n’avait donné ni à lui ni aux autres officiers supérieurs, l’ordre formel de résister aux volontés de la France : au contraire, sa proclamation du 18 décembre 1801 disait : « qu’il fallait recevoir les ordres et les envoyés de la métropole avec le respect de la piété filiale. » Son mémoire adressé au Premier Consul confirme cette disposition.

La ville du Cap-Français avait été relevée de ses ruines, occasionnées par l’incendie des journées de juin 1793. C’était encore le lieu du plus grand commerce de la colonie, ravivé par la restauration des cultures de son voisinage. Bien que sa prospérité, à cette époque, n’égalât point celle dont elle avait joui dans l’ancien régime, on trouvait de l’aisance parmi ses habitans. Ceux-ci avaient toujours pour maire, le noir César Thélémaque, fort attaché à la France. H. Christophe, commandant de l’arrondissement, communiquait à ses administrés ce goût pour le luxe qui le distinguait ; son ton, ses manières