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la division Boudet, contre le Port-au-Prince. Le 30, deux frégates en furent détachées, portant la brigade Kerverseau contre Santo-Domingo. On reconnaît dans ces dispositions le plan proposé par Kerverseau lui-même, d’après son rapport que nous avons cité au 5e livre.

Le capitaine-général Leclerc et l’amiral Villaret-Joyeuse montaient sur le vaisseau l’Océan. Après avoir expédié Kerverseau, — le 30 même, l’amiral fît mettre la flotte en route. Le lendemain, vers le cap La Grange, des pilotes de Monte-Christ lui apprirent que T. Louverture se trouvait en ce moment à Santo-Domingo. Le 1er février, la flotte était devant le Cap-Français ; mais elle ne pouvait y entrer à cause du vent contraire[1].

Suivant P. de Lacroix, il avait été ordonné au capitaine-général et à l’amiral « de ne souffrir aucune vacillation dans les principes de leurs instructions. » Cependant, il affirme que Leclerc décida d’abord que la division Boudet, arrivée la première à la tête de l’île, agirait contre le Cap ; et qu’il s’ensuivit alors, entre le capitaine-général et l’amiral, une vive discussion pendant laquelle le premier voulut faire arrêter le second ; mais que l’amiral finit par l’emporter, parce que les instructions étaient précises.

Ce début, il faut le reconnaître, était digne d’une entreprise conçue dans de telles vues ; la guerre commençait entre les assaillans eux-mêmes : présage fâcheux !

Le même auteur a regretté que la rigueur des instructions ait empêché le capitaine-général de suivre son inspiration, en prétendant que la division Boudet eût pu entrer dans la rade immédiatement ; « que le général H.

  1. Nous nous servirons très-souvent du mot Cap, mais il sera entendu que c’est de la ville du Cap-Français qu’il s’agit.