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dans l’esclavage, leurs mulâtres sous le joug des anciens, préjugés de la peau.

Leclerc, non moins présomptueux, ayant d’ailleurs à exécuter ses instructions secrètes, avait déporté Rigaud avec tant de facilité, qu’il ne pouvait s’arrêter dans sa marche vers la restauration de l’ancien régime.

Après avoir disséminé les troupes coloniales, en les incorporant à la suite des régimens français, il ordonna le désarmement des cultivateurs qui, en qualité de gardes nationaux, étaient armés sous T. Louverture. Il leur était enjoint de déposer leurs armes au chef-lieu des communes. Leclerc saisit ce moment pour aller respirer l’air salubre de la Tortue et s’y délasser : c’était le 17 mai.

Les cultivateurs de la montagne de Plaisance, excités par Sylla, parurent les moins disposés au désarmement : des mesures militaires furent prises à leur égard. Cette situation porta Leclerc à écrire à T. Louverture, pour se plaindre de ce qu’il n’avait pas, probablement, ordonné à Sylla de se soumettre : en même temps, il avait prescrit de le poursuivre. Dans ce but, il fit marcher sur Plaisance un bataillon de la 9e, que commandait Lubin Golard, et un autre des Gonaïves, afin d’agir de concert avec les troupes françaises qui s’y trouvaient sous le général Clauzel.

T. Louverture répondit à Leclerc qu’il avait ordonné à Sylla, comme à tous les autres officiers, de reconnaître l’autorité du capitaine-général ; mais qu’il pensait que la persuasion réussirait mieux que la force dans cette occurrence ; et pour donner une preuve de son désir d’y concourir, il offrit d’écrire à Sylla.

Mais déjà, le général Clauzel avait marché contre lui, Sylla se battit vaillamment, et il ne fut chassé de la posi-