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aux Français ; mais l’espérance ne renaissait pas pour les hommes réfléchis : il fallait voir les actes de la nouvelle administration dont les bases venaient d’être proclamées.

Dans les montagnes de Plaisance, le chef de bataillon Sylla, dévoué à T. Louverture, n’avait pas fait sa soumission avec ses petites bandes de cultivateurs.

Dans celles du Port-au-Prince, Lamour Devance s’était retiré, le cœur gros de la déportation de Rigaud.

Dans celles de Tiburon, un homme obscur alors, mais qui était destiné à jouer pendant longtemps un rôle fameux dans le pays, Goman, ancien chef de bataillon sous Rigaud, s’était réuni à Jean Panier qui venait de se jeter dans les bois de la Grande-Anse, pour ne pas obéir au nouvel ordre de choses[1].

Ces quatre hommes, tous Africains, protestaient passivement contre la domination française. Excepté Sylla qui attira quelque attention, les autres furent à peine aperçus ; mais ils formaient déjà un noyau d’insurrection qui devait se grossir de tous les mécontens.

Il semble que ces enfans de l’Afrique devinaient la conjuration qui se tramait publiquement en France contre eux, dans le même mois.

Le 17 mai, le gouvernement consulaire fit proposer au corps législatif sa fameuse loi sur les colonies françaises. Elle maintenait, conformément aux lois et règlemens antérieurs à 1789, la traite des noirs et l’esclavage dans celles de ces colonies restituées à la France, en exécution du traité de paix d’Amiens conclu définitivement le 27

  1. Jean Panier se fit insurgé dés le mois de mai, du côté des Irois et de Tiburon.