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quand on considère, d’un autre côté, la boucherie également injuste et odieuse commise par Rochambeau sur les soldats et officiers du Fort-Liberté, celle de Hardy sur les soldats et officiers de la Rivière-Salée, et les massacres des noirs relatés par Pamphile de Lacroix lui-même, l’esprit de tout narrateur de cette époque désastreuse resterait en suspens, pour décider entre les auteurs de toutes ces atrocités, si son cœur ne l’avertissait qu’il doit les condamner, les flétrir de part et d’autre.


La carrière politique et militaire de T. Louverture fut terminée, par sa soumission au capitaine-général envoyé par la France pour gouverner Saint-Domingue. Il se retira sur l’une des quatre propriétés qu’il possédait dans la commune d’Ennery, pour y vivre en citoyen, livré à ses travaux champêtres. Mais là a commencé son rôle de martyr, pour aller finir ses jours dans un cachot, situé sur une haute montagne d’un pays éloigné du sien. Notre tâche alors sera d’examiner si, frappé par la main des hommes, il n’a pas été l’une de ces grandes victimes réservées par la Providence, pour sceller par leur mort la liberté d’un peuple, pour manifester surtout sa justice divine.