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ensuite un costume militaire et des armes. Isaac était ainsi élevé au même grade que son frère aîné.

Dans notre 4e livre, on a vu qu’André Rigaud était arrivé à Paris le 7 avril 1801. Il avait continué d’y résider. Il a été dit que lui et les officiers du Sud expatriés avec lui, avaient excité le gouvernement consulaire contre T. Louverture, — comme s’ils pouvaient exercer la moindre influence sur la politique de ce gouvernement, qui aurait pu faire cesser la guerre civile du Sud en février 1800, et qui la laissa continuer d’après le plan adopté par le Directoire exécutif ! Le fait est, que le 24 août 1801, plus de quatre mois après son arrivée à Paris, Rigaud n’avait pas encore eu l’honneur d’être présenté au Premier Consul. Ce jour-là, il adressa une lettre au ministre de la marine, où il sollicitait un emploi quelconque dans l’armée française, à cause de l’exiguité de ses ressources, et la faveur d’être admis à offrir ses hommages au chef du gouvernement français.

Il paraît donc que si Rigaud lui fut présenté, ce ne fut qu’après que l’expédition eut été résolue[1]. Comme elle allait pour enlever le pouvoir à T. Louverture, et qu’il était présumable qu’il résisterait, Rigaud et ses officiers devenaient un drapeau qui pouvait être utile, selon les circonstances, afin d’obtenir la défection de tous les hommes qui avaient partagé leur manière de penser à l’égard

  1. À ce sujet, M. Hérard Dumesle rapporte que Rigaud lui a dit, qu’ayant été admis à une séance privée du Premier Consul, celui-ci, après l’avoir entendu sur les circonstances de la guerre civile du Sud, prononça ces paroles : « Général, je ne vous connais qu’un tort : c’est de n’avoir pas été vainqueur. » — Voyage dans le Nord d’Haïti, p. 372.

    Rigaud a eu encore plus tort de croire à la sincérité de ces paroles : la politique du Premier Consul ne pouvait lui donner raison dans sa querelle avec T. Louverture.