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Mais Charles Bélair s’était déjà rendu aux Cahos, où T. Louverture l’avait mandé, afin d’y rester en place de Dessalines ; celui-ci eut ordre de se porter sur l’habitation Marchand, dans la plaine de l’Artibonite, tandis que l’ex-gouverneur se rendait de nouveau dans le Nord. Des Matheux, Pamphile de Lacroix adressa une lettre à Charles Bélair, en lui proposant de se soumettre et d’imiter les généraux Clervaux, Paul Louverture et Maurepas ; mais il en reçut une réponse par laquelle ce général jurait de nouveau fidélité à T. Louverture.

P. de Lacroix s’achemina ensuite pour le Port-au-Prince, où il fit une rentrée solennelle, afin d’effacer les fâcheuses impressions que la population de couleur avait reçues, dit-il, par les pertes subies par les Français à la Crête-à-Pierrot. C’est un de ces stratagèmes permis en temps de guerre ; il avait été ordonné par le général Boudet. Pamphile de Lacroix, qui le raconte avec naïveté, fit mettre ses troupes sur deux rangs au lieu de trois ; il fit marcher les sections à grandes distances ; les officiers étaient à cheval ; on lui envoya de l’artillerie attelée ; il la distribua dans sa colonne avec des équipages. « Et notre rentrée au Port-au-Prince eut l’effet moral que nous en attendions. »

Une telle rentrée devait être admirable, il faut en convenir.