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sation n’aurait pas été produite. Le général Leclerc lui-même avait servi sous les ordres de Moreau ; et M. Thiers, en réfutant l’imputation faite au Premier Consul, d’avoir voulu se débarrasser des militaires imbus des principes de son émule, fait observer qu’il exigea que sa sœur Pauline, mariée au chef de l’expédition, l’accompagnât dans ce climat meurtrier des Antilles[1]. Jérôme Bonaparte, le plus jeune de leurs frères, employé alors dans la marine, était aussi de l’expédition. Ces faits détruisent complètement, ce nous semble, la maligne intention prêtée au Premier Consul.

Ce qui nous paraît plus important à constater, c’est que l’amiral Villaret-Joyeuse fut choisi pour commander la flotte, afin d’aider à l’établissement du gouvernement militaire qu’il conseillait en 1797 ; c’est que le général Rochambeau, qui avait prédit qu’on serait forcé dé faire la guerre aux noires, pour les rendre à la culture et protéger les pauvres blancs vexés par eux, fut envoyé dans cette expédition ; c’est qu’enfin, les généraux Desfourneaux et Kerverseau, et l’ancien ordonnateur H. Perroud, trois hommes dont on connaît les antécédens dans la colonie, furent aussi jugés dignes d’en faire partie. Il fallait assurer le succès de l’entreprise ; les hommes qui connaissaient Saint-Domingue durent paraître propres à y contribuer.

À la fin de 1799, une expédition, destinée pour l’Egypte, fut préparée à Brest, sous les ordres du général Sahuguet et de l’amiral Gantheaume. Pour donner le change aux Anglais, le Premier Consul fit courir le bruit qu’elle allait à Saint-Domingue, et ordonna que des noirs et des mu-

  1. Madame Leclerc avait avec elle un enfant tout jeune.