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mérite. Considéré déjà comme le général en chef de l’armée coloniale, quoiqu’il n’en eût pas le titre, il parut digne de remplacer T. Louverture dont l’étoile avait pâli avant l’arrivée de l’expédition. Sa haine pour les blancs, les humiliations qu’il leur faisait subir souvent sous l’ex-gouverneur, les massacres qu’il avait fait exécuter sur eux en divers lieux, quoique ce fût par les instructions de T. Louverture : tout servit à rallier les Indigènes à son autorité, lorsque survint la prise d’armes contre les Français. Mais ce fut surtout dans l’Artibonite et dans le Nord que cette appréciation lui conquit les suffrages des populations ; car le concours de Pétion et de Geffrard lui fut indispensable pour y rallier les populations de l’Ouest et du Sud, Cette vérité sera démontrée plus tard.

Durant l’attaque de la division Boudet, Dessalines avait reconnu l’avantage qu’avaient tiré les troupes françaises, d’une petite éminence qui domine le fort de la Crête-à-Pierrot : leur feu atteignait surtout les artilleurs. Il y fît construire immédiatement une redoute entourée de fossés, qu’il confia au commandement de Lamartinière, en y mettant des pièces de campagne. Il fit réparer les parapets du fort principal qui avaient souffert pendant le combat, prévoyant avec raison que l’armée française reviendrait, sinon pour tenter de nouveau de l’enlever de vive force, du moins pour en faire le siège. C’était justement l’idée qu’avaient conçue le capitaine-général Leclerc et les généraux sous ses ordres ; et dans cette pensée qu’il saisissait parfaitement, Dessalines jugea qu’il serait plus utile à la garnison qui serait assiégée, en quittant le fort pour aller réunir le plus de forces possibles afin d’inquiéter les assiégeans. Il en sortit avec ses aides de camp, recommandant à Magny, à Lamartinière et aux autres offi-