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comment n’êtes-vous pas honorés de marcher les premiers ? Taisez-vous et suivez-moi. »

Cet auteur ajoute cette réflexion : « Un chef qui prêche d’exemple dans le danger est toujours sûr d’être obéi, surtout lorsqu’il parle à des noirs, si faciles à respecte l’autorité.  »

Ce ne serait pas faire un éloge des blancs que de supposer qu’en pareille circonstance, ils n’eussent pas obéi à leur chef. Dans la même année, les circonstances ayant changé, Pétion tint un autre langage à ces mêmes soldats, en leur traçant encore un exemple de résolution audacieuse, qu’ils imitèrent pour arriver à d’autres fins.

Le 11 mars, à l’aube du jour, la division Boudet se trouvait tout près de la Crête-à-Pierrot. Les soldats qui occupaient un poste avancé ayant été surpris, s’enfuirent pour rentrer dans le fort ou se jeter dans le fossé qui l’entourait : c’était la même manœuvre qu’avaient exécutée ceux qui furent poursuivis par la division Debelle.

Dans le fort, Dessalines, tenant à la main un tison ardent, menaçait la garnison de faire sauter la poudrière, si elle ne faisait pas une résistance énergique aux Français. Animant ces braves soldats, secondé par les officiers supérieurs qui suivaient son exemple, il les vit tous répondre à ses vœux, de mourir plutôt que de céder à l’impétuosité de l’ennemi. En cet instant, le général Boudet envoya un parlementaire qui s’approcha du fort avec une lettre à la main. C’était sans doute pour sommer la garnison de se rendre ; mais Dessalines ordonna qu’on dirigeât le feu d’un canon contre le parlementaire qui fut emporté. Les Français s’avancèrent alors avec leur résolution ordinaire : l’artillerie, la mousqueterie du fort ba-