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mer dans l’île ; Desperoux, commissaire de justice ; et Daure, commissaire ordonnateur en chef[1].

La flotte entière fut placée sous le commandement supérieur de l’amiral Villaret-Joyeuse, marin expérimenté, secondé par les contre-amiraux Latouche Tréville, Gantheaume, Linois, Delmothe, Gravina et Hartzinch. Les premiers étaient français, les deux derniers étaient, l’un Espagnol, l’autre Hollandais.

Dans un tel appareil de forces de terre et de mer, dirigées et commandées par de tels officiers généraux, on voit que le Premier Consul reconnaissait l’importance et la difficulté de l’entreprise destinée à agir contre une population qui avait secoué le joug ignominieux de la servitude depuis dix ans, et dont les droits naturels avaient été reconnus et proclamés solennellement par la France ; car il n’ignorait pas qu’elle avait vaillamment défendu sa liberté contre les Anglais, en maintenant les droits de la métropole, et qu’elle s’était encore aguerrie dans une guerre civile.

Un écrivain français dont nous avons cité le texte, a avancé que le Premier Consul portait un mépris haineux à la race noire. On peut concevoir la haine qu’il lui portait, peut-être, par l’effet des préjugés coloniaux qu’il avait évidemment adoptés ; mais on ne peut guère admettre qu’il méprisait les hommes contre lesquels il employa des moyens aussi formidables. Dans tous les cas, de tels hommes n’étaient pas méprisables, puisqu’il se vit contraint d’ajouter à ces moyens toutes les ruses de la politique.

Il a été dit aussi que le Premier Consul offrit le commandement de l’armée expéditionnaire au général Berna-

  1. Daure avait rempli les mêmes fonctions en Égypte.