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condé les armes de Toussaint contre Rigaud, qui était le principal obstacle à l’indépendance de Saint-Domingue[1]. »

Aux yeux de cet auteur, en s’opposant au général en chef, Rigaud ne voulait donc que retenir la colonie dans les liens de l’obéissance à la métropole, sans envisager l’avenir de sa race.

Nous l’avouons cependant, nous aussi, il y a déjà plus de vingt ans, nous avions dit, dans un autre ouvrage où nous parlions de la guerre civile du Sud :

« L’impartiale histoire devra recueillir les faits pour constater si la politique de T. Louverture n’avait pas pénétré le machiavélisme de leurs communs ennemis, et s’il n’avait pas senti la nécessité de la grande et importante mesure de l’indépendance[2]… »

Privé alors des documens officiels que nous nous sommes procurés depuis, nous avions fait à T. Louverture l’honneur d’avoir eu, mieux que Rigaud, des idées plus justes sur la situation de leur pays, d’avoir mieux compris ce que leur devoir envers la race noire prescrivait. Mais l’étude consciencieuse que nous avons faite de leur conduite respective, s’oppose aujourd’hui à ce que nous maintenions à l’égard du premier, le jugement douteux que nous portions, dans l’ignorance où nous étions de toutes les particularités que nous avons déjà exposées et que nous exposerons encore.

Dans tous les cas, examinons la position respective de

  1. Histoire d’Haïti, t. 1er p. 340.
  2. Géographie d’Haïti, publiée en 1832, p. 18. — Dans la mission que je remplis en France en 1838, je me suis procuré beaucoup de documens à Paris. Depuis six ans que j’y suis encore, j’en ai eu, j’en ai vu d’autres tout récemment, qui m’ont éclairé sur les faits de notre histoire nationale.