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seul rendre son ancienne splendeur à une colonie qu’il a su, par son courage, débarrasser de ses ennemis.

C’est ce qui avait rassuré T. Louverture, ainsi que Roume qui avait déjà ses instructions libellées pour tous les cas possibles. On remarquera qu’Hédouville était parti le 27 octobre 1798, et que ce n’est que quatre mois après que le Directoire exécutif approuva le général en chef. Ce gouvernement ignorait-il qu’en partant, son agent avait dégagé Rigaud de toute obéissance envers lui, que la mésintelligence avait déjà éclaté entre eux ? Que fit-il pour faire cesser cet état de choses ? Rien ! Il recommanda au général en chef de maintenir la discipline militaire, en thèse générale ; mais si ce dernier juge, ainsi que Roume, que Rigaud y contrevient, il a donc le pouvoir de le punir ? Quoique Roume ait rétréci le cercle du commandement de Rigaud, ne l’a-t-il pas laissé encore indépendant du général en chef, après lui avoir refusé sa démission ? Une telle décision n’est pas faite pour arrêter T. Louverture, alors que Roume agit encore de concert avec lui. Voit-on comment ce machiavélisme est adroitement mené, pour susciter la guerre entre les hommes de la race noire ? Et Kerverseau a persisté à prétendre que ce fut Maitland qui alluma cette guerre !

Il n’est pas jusqu’aux arrangemens commerciaux de T. Louverture avec les États-Unis, qui n’aient eu d’avance l’approbation du Directoire exécutif : il lui a recommandé de rappeler le commerce, et celui de France en est empêché par la guerre avec les Anglais. Il sait que la principale cause de la mésintelligence survenue entre Hédouville et le général en chef, a été, en apparence, l’accueil fait par ce dernier aux émigrés ; et s’il lui recommande l’exécution des lois nationales, par conséquent celles ren-