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avec ordre de surveiller le général Agé, commandant de l’arrondissement, et le colonel Dalban, commandant de la place, tous les deux blancs français. Partout où il passa, il ordonna à ses lieutenans de massacrer les blancs, de brûler les villes, et d’exciter les hommes de couleur a s’armer en sa faveur, si les Français attaquaient la colonie. Il gagna la partie espagnole pour y établir un système de résistance, sans néanmoins être parfaitement certain des projets de la France à son égard[1]. »

S’il était vrai que de tels ordres eussent été donnés par T. Louverture, la ville du Port-Républicain n’eût-elle pas été incendiée par Lamartinière qui montra tant d’intrépidité et de résolution à l’apparition des troupes françaises ? Et ce serait dans la partie espagnole, avec une population clairsemée et d’une fidélité douteuse, sur un territoire aussi vaste, que le gouverneur de Saint-Domingue aurait été organiser sa résistance ? Il n’y avait que deux demi-brigades, la 6e et la 10e, dans ces deux tiers de l’île. Et comment cet auteur peut-il dire que T. Louverture n’était pas certain des projets de la France, lorsqu’il a affirmé précédemment que le gouverneur avait reçu des dépêches du colonel Vincent, qui lui annonçaient la formidable expédition qui se préparait dans les ports de France contre Saint-Domingue ? Sa proclamation du 18 décembre prouve qu’il avait reçu des informations positives, non par Vincent (nous osons le soutenir), mais par d’autres voies. Son entretien ci-dessus cité avec un colon en est encore une preuve.

Disons-le donc, parce que c’est la vérité : T. Louverture

  1. Histoire d’Haïti, t. 2, p. 129. — T. Louverture a déclaré au général Cafarelli, que les incendies des villes ont eu lieu sans ses ordres. Il sera encore prouvé que ce n’est pas lui qui ordonna l’incendie du Cap, que ce fait eut lieu par l’initiative de H. Christophe.