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portait, d’ailleurs, que la France réduisît à néant le pouvoir de T. Louverture qui ne voulut pas souscrire à leurs propositions relatives au monopole du commerce de Saint-Domingue, et qui ne leur avait accordé que la faculté d’y faire entrer leurs navires sous pavillon neutre ? Ils se vengeaient de son indifférence, de son dévouement à la France, en même temps qu’en faisant la paix avec elle et lui restituant plusieurs de ses colonies, ils ne pouvaient pas soutenir le gouverneur de Saint-Domingue. D’un autre côté, croit-on que le gouvernement britannique, si prévoyant, après avoir fait l’essai de ses forces contre les noirs de cette colonie, n’entrevoyait pas l’insuccès de l’expédition française, surtout avec l’arrière-pensée qu’il pouvait avoir de la rupture de la paix ? Donc, dans tous les cas, la Grande-Bretagne ne pouvait que gagner à laisser effectuer cette entreprise : elle y gagna considérablement ; on le verra dans la suite de cette histoire.


Ainsi, à la fin de 1801, T. Louverture, bien informé des préparatifs qui se faisaient dans les ports de France, se trouvait réduit aux seules ressources de son génie et des forces dont il pouvait disposer. Ses troupes étaient disséminées sur toute l’étendue du territoire de Saint-Domingue. La population entière des anciens esclaves pouvait les recruter ; car la plupart d’entre eux étaient armés comme gardes nationaux.

Que fit-il, que pouvait-il faire dans une telle occurence ? Ce sont des questions qui ressortent nécessairement de cette situation.

Ce qu’il fit se borna à peu de chose. Tous les hommes éclairés étaient également informés de la nouvelle du projet d’expédition : elle s’était propagée dans les masses.