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ture, des dépêches qu’il reçut par la voie de Jacmel, et qui lui annonçaient qu’une expédition formidable se préparait en France contre Saint-Domingue[1]. En bon Français, Vincent avait bien pu tenter de détourner son gouvernement de l’expédition ; mais par cette raison même, il n’eût pas trahi son pays : or une telle information n’eût été de sa part qu’une trahison. Cet officier était trop honorable pour agir ainsi.

T. Louverture a dû être informé de ce projet par la voie de l’Angleterre, des États-Unis et de la Jamaïque, peut-être par les soins de quelque particulier de France. Nous avons lu dans le Moniteur que, dès le 6 octobre, le schooner Wilmington, de 14 canons, partit de Plymouth, pour aller aux Indes occidentales annoncer la signature des préliminaires de paix entre la Grande-Bretagne et la France, et transmettre les ordres du gouvernement anglais. Ce bâtiment a dû arriver dans les Antilles, au milieu ou à la fin de novembre, au moment de la répression de la révolte des cultivateurs du Nord et de la mort de Moïse.

Pamphile de Lacroix prétend « que le général Nugent, gouverneur de la Jamaïque, venait de signer une convention avec T. Louverture pour augmenter au besoin a ses moyens de résistance, lorsqu’il apprit la signature des préliminaires de paix, et qu’il congédia les agens de T. Louverture qui résidaient près de lui depuis deux mois, en rappelant du Cap le résident britannique dont la mission n’avait jamais été officiellement reconnue. »

Nous doutons de l’existence d’une telle convention ; car tous les auteurs français se sont accordés pour accuser T. Louverture d’avoir eu le projet de l’indépendance de Saint-

  1. Histoire d’Haïti, t. 2, p. 125.