Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/462

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’autorité française. — Tous ces hommes avaient donné leur opinion, et Grégoire se taisait : le Premier Consul lui dit : « Qu’en pensez-vous ? — Je pense, répondit Grégoire, que fût-on aveugle, il suffirait d’entendre de tels discours pour être sûr qu’ils sont tenus par des blancs. Si ces messieurs changeaient à l’instant de couleur, ils tiendraient probablement un tout autre langage. — Allons, répartit le Premier Consul, vous êtes incorrigible.  »

Continuons de lire Thibaudeau.

« À peine s’était-il écoulé quelques jours depuis l’arrivée de Vincent, que le Premier Consul avait fait toutes ses dispositions pour envoyer une armée à Saint-Domingue. Le général Leclerc fut mandé du corps d’observation de la Gironde, et des ordres furent donnés pour que l’expédition fût prête à partir du 12 au 15 brumaire an x (du 3 au 6 novembre). Mais en même temps, le Premier Consul fit publier dans les journaux des articles pacifiques, pour ne point donner l’éveil à T. Louverture, ou du moins pour dissiper les inquiétudes que pourrait lui inspirer cet armement[1] » — Nous venons de lire cet article.

Cet auteur cite à ce sujet des lettres du Premier Consul au ministre de la guerre, en date des 16, 21, 29 vendémiaire et 1er brumaire (8, 15, 21 et 25 octobre). Nous remarquons que la première ayant été écrite le 8 octobre, — elle l’aura été avant l’arrivée de Vincent, puisque ce fait n’a été annoncé que dans le Moniteur du 14, et que celui du 3 annonçait déjà et publia la constitution de Saint-Domingue qui venait d’arriver par les États-Unis.

De tout ce qui précède, il résulte, selon nos appréciations, que ce n’est pas l’arrivée de Vincent avec la consti-

  1. Tome 3, p. 112.