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miaire an 10 (26 septembre) contient une adresse au Premier Consul, de la part du conseil d’administration de cette colonie qui assistait le capitaine-général ; il y était dit : « que cette île gémissait encore sous le régime monstrueux de 1793, quand il y envoya le contre-amiral Lacrosse. » Aussi, ce capitaine-général y rétablit-il l’ancien régime colonial, en 1802, c’est-à-dire l’esclavage, malgré toutes les déclarations contraires du gouvernement consulaire au sujet de la Guadeloupe ; et ce gouvernement l’approuva.

C’est ce que l’on méditait également pour Saint-Domingue.

Dès le 20 fructidor (7 septembre), le général Kerverseau avait présenté au ministre de la marine et des colonies, son rapport dont nous avons cité déjà une foule de passages. Il lui présentait les faits relatifs à la partie française de Saint-Domingue jusqu’au 22 mars de la même année : il y joignit un résumé cinq jours après, en proposant dans l’un et l’autre écrit les mesures qu’il croyait propres à assurer la souveraineté de la France dans cette colonie, en mentionnant des opinions qu’il attribuait aux divers chefs noirs, relativement à la métropole.

« Tel est, j’ose l’affirmer, dit-il, tel est l’esprit des chefs actuels de la colonie, d’où l’on peut voir quelles seraient les suites funestes d’une tentative imprudente et mal concertée qui serait faite pour les réduire. Sans doute, il faut employer la force, mais une force telle, qu’il ne soit pas besoin d’en faire usage, et que son appareil seul démontre l’inutilité de la résistance ; il faut employer la force, mais présenter de bonne foi le pardon à la soumission et au repentir, en même temps qu’un châtiment terrible et inévitable à l’obstination de la révolte… Il faut employer la