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sonne ; et Moïse, condamné à mort, est exécuté le même jour[1]. »

M. Madiou affirme que la commission militaire présidée par le général Pageot siégea au Cap, et que « Moïse ne fut pas amené devant ses juges ; il demeura au Port-de-Paix. Le conseil militaire n’ayant pas entendu la défense de l’accusé et ne pouvant juger que sur le rapport fait par T. Louverture, déclara que le général Moïse était coupable, d’après les pièces remises contre lui au tribunal militaire par le commandant de la place Barada. T. Louverture, mécontent de ce jugement qui faisait peser sur lui toute la responsabilité de la mort de son neveu, le cassa et forma au Port-de-Paix une nouvelle commission qui condamna Moïse à la peine capitale, comme coupable du crime de rébellion. Le condamné fut fusillé le 29 novembre 1801 dans le Grand-Fort du Port-de-Paix, sous les yeux du général Clervaux[2]. »

De ces quatre auteurs, quel est celui qui a vu et lu les pièces du procès fait à Moïse ? Nous l’ignorons, car aucun d’eux ne l’apprend au lecteur : ils auront donc écrit sur des traditions orales, souvent inexactes. Nous-même, dans une note de notre deuxième livre, avons mentionné ce fait sur la foi de la version de M. Saint-Rémy. S’il y a eu erreur de notre part, c’est lui qui nous y a induit. Dans tous les cas, il existe dans ces quatre versions que nous venons de citer, une preuve de fureur reprochable à la mémoire de T. Louverture.

S’il est vrai que Moïse ne fut reconnu coupable que de négligence dans l’exercice de ses fonctions, un tel fait de

  1. Vie de Toussaint Louverture, p. 319.
  2. Histoire d’Haïti, t. 2 p. 124.