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teurs ; mais cela ne prouve pas une conspiration ourdie par Moïse. Que le colonel Joseph Flaville, au Limbe, n’ait pas tenté de réprimer les premiers actes commis par les cultivateurs, on le conçoit encore de la part de cet officier, dont le caractère désordonné s’est montré dans notre troisième livre, agissant tantôt pour Villatte, tantôt pour T. Louverture.

Comment ! M. Madiou affirme que ce fut au Cap que se trama la conspiration, que le Cap en était le foyer, et il montre Moïse ensuite, « ayant vu échouer tous ses projets, pénétrant au Cap et tentant de soulever cette ville où il fut accueilli avec tant d’indifférence par les habitans, qu’il en sortit deux heures après, dans la crainte d’être arrêté. »

Si Moïse en était sorti d’abord pour aller dans les campagnes, il est présumable que c’était pour apaiser le mouvement des cultivateurs, et non pour l’exciter. Lui, chef de la conspiration au Cap, il aurait abandonné ce lieu où il avait à disposer de ses forces militaires, dès munitions, pour laisser le champ libre à Christophe, en opposition avec lui ? N’aurait-il pas eu assez d’agens pour envoyer ses ordres aux cultivateurs ? Lorsque, par les ordres de T. Louverture, il les avait soulevés contre Sonthonax et Roume, eut-il besoin de parcourir lui-même les campagnes ?

Quoi qu’il en soit, Christophe, le commandant blanc Barada, avaient agi avec vigueur et énergie pour rétablir l’ordre au Cap. Christophe s’était porté contre les révoltés, et d’autres officiers l’avaient secondé dans la répression de ce mouvement sans ensemble, sans chef visible et réel.

En apprenant la révolte, T. Louverture s’était rendu