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pense ; » — nous serions porté à ne lui adresser que des éloges, pour avoir mis tant d’ordre dans les finances de ce pays, si les moyens qu’il employait pour obtenir des produits n’avaient pas mérité notre blâme. Il est bien entendu que nous ne blâmons pas les mesures prises par lui, pour porter les agens comptables à être plus fidèles dans la gestion des deniers publics ; car de telles mesures sont toujours louables de la part d’un gouvernement, qui ne peut mettre trop de sévérité pour arriver à une comptabilité régulière.

Entrant dans la voie d’une organisation raisonnée de toutes les parties du service public, T. Louverture devait vouloir que les fonctionnaires publics, leurs employés, l’armée entière, pussent recevoir régulièrement ce qui était dû à leurs services, en même temps que les édifices étaient la plupart à reconstruire : de là le chiffre de près de 35 millions de francs porté à son budget des dépenses. Mais Pamphile de Lacroix, raisonnant sur l’actualité des choses, et sachant que l’armée, par exemple, ne recevait pas sa solde exactement, que la dépense pour elle s’élevait au budget à 16,540,226 fr., tandis qu’elle ne recevait effectivement que 4,542,600 fr., trouve de suite que le gouverneur détournait 12 millions pour d’autres emplois. Il ne fit pas attention qu’un budget règle d’avance une dépense quelconque : d’où la nécessité de pourvoir aux voies et moyens ; mais que cela ne signifie pas qu’on soit déjà en possession de ces ressources, qu’on en dispose.

Les accusations de cet auteur nous paraissent donc injustes et mal fondées.

Une remarque est à faire, à propos des divers produits agricoles dont nous venons de donner les chiffres : c’est que, dès cette époque, la grande production diminue