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voulu éloigner de ses discussions les passions et le tumulte ; mais en même temps, il a voulu qu’elle fût environnée des lumières et des réflexions de tous les hommes instruits, afin qu’un ouvrage d’un aussi grand intérêt fût pour ainsi dire celui de la colonie entière.

Si l’assemblée centrale n’a pas complètement rempli les vœux de ses commettans, si elle n’a pas atteint le but que se proposait le général en chef, elle aura fait au moins ce que les circonstances lui permettaient : elle n’a pu proposer à la fois tous les changemens qu’on pouvait désirer. La colonie ne peut parvenir à sa plus grande prospérité qu’avec le temps et par degré ; le bien, pour être durable, ne peut s’opérer que lentement ; il faut, à cet égard, imiter la nature qui ne fait rien avec précipitation, mais qui mûrit peu à peu ses productions bienfaisantes.

Heureuse, si cette première tentative peut contribuer à améliorer le sort de ses concitoyens et lui mériter leur estime et leur indulgence, ainsi que des témoignages de satisfaction de la France, quand bien même elle n’aurait pas atteint une certaine perfection !

Tous les articles de la constitution ont été discutés et arrêtés sans passion, sans préjugés, sans partialité, et spécialement le mode de gouvernement, adopté comme le seul propre, dans les circonstances, à conserver à la colonie sa tranquillité et à la ramener à son ancienne splendeur.

D’ailleurs, tous les deux ans, les assemblées centrales suivantes pourront opérer les changemens que le temps et l’expérience rendront nécessaires.

L’assemblée centrale n’a pas la vanité de croire qu’elle a proposé la meilleure constitution possible ; mais, ce qu’elle peut assurer à ses concitoyens, c’est que tous les membres qui la composent ont constamment eu l’ardent désir du bien, l’intention d’affermir la tranquillité actuelle de la colonie, de rendre sa prospérité durable, de l’augmenter et de prouver leur attachement au gouvernement français.

Ainsi, le premier comme le dernier paragraphe de ce discours préliminaire, expliquant les motifs de la constitution de 1801, témoignent de la volonté de maintenir Saint-Domingue comme colonie de la France.

Quant à M. Madiou qui montre sans cesse T. Louverture, marchant à grands pas vers son indépendance, au