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stance ; et voyez comme il a écrit à Rigaud, dès l’arrivée d’Hédouville dans la colonie ; comme il a agi envers lui depuis qu’il fut venu de Santo-Domingo au Port-au-Prince !

Bauvais se laissa convaincre par le général en chef et l’agent du Directoire exécutif : il se retira à Jacmel, bien disposé à continuer sa neutralité.


Roume, en venant dans la partie française, avait rendu un arrêté pour fixer sa résidence au Port-au-Prince[1]. Il se laissa persuader à son tour, par T. Louverture, de se transporter au Cap : il avait déclaré qu’il agirait de concert avec le philosophe, le législateur ; celui-ci parla, il céda. Est-ce que le général en chef aurait pu l’y contraindre, s’il ne l’avait voulu ? Kerverseau prétend que ce fut par contrainte. Mais tout décèle le contraire[2]. Roume sentait que l’Ouest ou ses frontières allaient être bientôt le théâtre de la guerre civile ; il s’en éloigna pour dire, comme excuse, qu’il ne pouvait s’y opposer, étant au Cap. Il avait pris son arrêté avant d’avoir vu le général en chef, avant les conférences du Port-au-Prince : dès-lors il put comprendre que la guerre était inévitable, imminente. D’ailleurs, le jugement que porte Kerverseau de cette translation du siège de l’agence, n’a eu lieu qu’après que Roume eut été interné au Dondon, en 1800 : il a pensé du fait de 1799 d’après celui-là.

Le 25 février, Roume quitta le Port-au-Prince avec T. Louverture : ils se rendirent au Cap.


Nous avons narré tous les faits ci-dessus rapportés, d’a-

  1. Rapport de Kerverseau.
  2. Bientôt nous verrons Roume résister avec énergie à T. Louverture.