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à Santo-Domingo et depuis, jusqu’à son entrée dans cette ville, et promis de leur adresser le procès-verbal de ses opérations, aussi indispensable que ses Te Deum, il leur dit :

Citoyens, vous avez été témoins de ma sollicitude pour le bonheur de mon pays, pour la liberté de mes frères. Vous avez été témoins que je n’ai jamais pris les armes, si ce n’est dans le cas d’une légitime défense ; que l’ordre et la prospérité de cette colonie ont été toujours les objets les plus chers à mon cœur, ceux de mes vœux les plus constans ; qu’invité à prendre les rênes du gouvernement, d’après l’expression de la volonté publique, ce nouveau témoignage de confiance qui augmentait le fardeau dont je me voyais chargé à regret, n’a point ralenti mon zèle ni mon désir de faire le bien.

Aujourd’hui ma tâche est remplie. Ma conscience satisfaite me dit que j’ai fait le bien et empêché le mal autant que je l’ai pu. Il ne me reste qu’un devoir bien doux à remplir : — c’est de proclamer la bonne conduite des généraux, officiers et soldats de l’armée de Saint-Domingue ; ils ont exécuté mes ordres avec courage et intelligence ; ils m’ont secondé avec un zèle digne des plus grands éloges ; ils ont bien mérité de la patrie.

C’est à vous maintenant, citoyens magistrats, à assurer à cette colonie sa tranquillité future, à poser les bases de sa prospérité par des lois convenables à nos mœurs, à nos usages, à notre climat, à notre industrie, et en même temps propres à nous attacher de plus en plus et plus fortement encore à la République française. C’est à vous de choisir, en conséquence, des hommes sages, probes, éclairés, dont la première passion soit l’attachement à la République, à l’humanité, à la liberté, qui, susceptibles d’avoir de bonnes vues, puissent concevoir et présenter des projets de restauration pour cette colonie qui la porteront rapidement à une prospérité à laquelle elle n’était jamais parvenue. Des citoyens sans préjugés, également recommandables par leurs talens et par leurs vertus, doués de lumières, mais empressés à recevoir les bonnes idées de leurs concitoyens, et à les rendre profitables à

    dant sa proclamation ce jour-là, il semble que T. Louverture eut la pensée de rappeler ce fait. Nous verrons si sa constitution, au fond, raffermit ou non la liberté générale.