Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/294

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même temps qu’il franchissait avec elles les anciennes limites des deux colonies française et espagnole, le général Moïse les franchissait aussi à Ouanaminthe, en traversant la rivière du Massacre.

Le 4 janvier, T. Louverture était déjà arrivé à Saint-Jean de la Maguana, sans avoir rencontré aucune résistance de la part des Espagnols. Il n’en était pas de même de Moïse qui dispersa à coups de fusil quelques miliciens réunis dans un poste placé, pour la police, au passage de la rivière de Guayabina, sur la route de Saint-Yague ; il en rencontra un autre à la Savana-Grande de Maho qu’il dispersa également : ce qui lui permit d’entrer à Saint-Yague, le il janvier, et de continuer sa marche sur Santo-Domingo, par la Véga et Cotuy, après avoir placé le général Pageot à Saint-Yague.

À Saint-Jean, le général en chef écrivit la lettre suivante à Don Garcia :


À la Maguana, le 4 janvier 1801 (14 nivôse an 9).
Le général en chef Toussaint Louverture,
À Son Excellence Don Joachim Garcia.

J’ai eu l’honneur de vous écrire, Monsieur le Président, le 29 frimaire dernier du Cap, par le général Moïse. Ignorant si ma lettre vous est parvenue, je vous en fais passer une copie sous ce pli, à laquelle je vous invite de me répondre sans perte de temps, en me l’adressant dans cette ville-ci.

J’ai été depuis au Port-Républicain, pour faire marcher la troupe nécessaire dans la route du Sud, sous les ordres d’un autre général ; mais, afin d’éviter l’effusion du sang, et de conserver cette partie intacte et protéger les habitans, je me suis déterminé à y venir moi-même en personne. Veuillez me répondre de suite.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les égards dus à votre mérite et à votre dignité, etc.

Toussaint Louverture.