Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sait les droits d’importation, sans distinction de nationalité pour les navires. Ainsi ceux de France y étaient assujétis comme les autres. Ces idées se complètent dans le dernier arrêté : les bâtimens neutres ne pouvaient être que ceux des nations qui n’étaient pas en guerre avec la France ; les bâtimens étrangers s’entendaient même des navires français, puisque les navires anglais étaient admis sous pavillon neutre ; le cabotage français s’entendait de celui de Saint-Domingue qui était toujours français.

Ainsi, avant la constitution qui fut publiée dans cette colonie quelques mois après, ces dispositions sur le commerce établissaient un ordre de choses tout-à-fait équivoque, par rapport à la métropole. Le génie audacieux de T. Louverture avait pris son vol, dès son triomphe sur Rigaud. Il ne pouvait plus s’arrêter ; et à peine il avait renfermé Roume au Dondon, qu’il donnait suite à ses idées sur la prise de possession de la partie espagnole.

Étant encore au Cap, le 20 décembre, il adressa la lettre suivante à Don Garcia :

Au Cap, le 29 frimaire an 9 de la République française une et indivisible.

Toussaint Louverture, général en chef de l’armée de Saint-Domingue,

À Son Excellence Don Joachim Garcia, etc.
Monseigneur,

J’avais eu l’honneur de vous mander des Cayes[1], que je me réservais à mon premier voyage au Cap, de vous écrire pour vous demander justice de l’insulte faite au gouvernement, en la personne d’un de ses officiers-généraux, son envoyé auprès de l’audience espagnole. Je vous avoue que si j’ai dû être surpris d’un procédé si contraire aux règles établies entre les nations policées, mon devoir me prescrit impérativement d’en obtenir une réparation. J’espère donc, Monseigneur, que

  1. Nous ne possédons pas la lettre écrite des Cayes.