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civile du Sud avait suffisamment dégradé son caractère de représentant de la France et son caractère d’homme privé, pour n’être plus à craindre.

Les condescendances de Roume pour sa convention commerciale avec les États-Unis, son silence gardé à l’égard de ses conférences avec Maitland aux Gonaïves, l’avaient jeté dans le mépris de tout Français qui, dans la colonie, aimait la France.

Il n’était pas moins méprisé des colons, quoiqu’il eût servi leurs vues en cela et dans les opérations pour la guerre du Sud ; ils ne lui pardonnaient pas d’avoir dévoilé leurs plans sanguinaires et liberticides, à son arrivée à Santo-Domingo, en 1796.

Enfin, T. Louverture dut penser encore que, jusqu’à un certain point, le gouvernement consulaire lui-même ne pouvait avoir en grande estime, un agent qui avait souscrit à la convention commerciale rédigée contrairement aux intérêts de la France, bien que le Directoire exécutif l’eût approuvée.

Quant à la population noire et jaune, il va sans dire qu’elle ne pouvait être fâchée de ce que faisait le général en chef : l’une dominait avec lui, l’autre trouvait dans ce fait, la juste punition infligée à un coupable qui avait tant contribué à son malheur.

C’est à ce dernier point de vue que nous jugeons aussi la détention de Roume au Dondon. Nous ne lui accordons pas plus nos sympathies, que nous ne les avons accordées à Savary aîné et J, Raymond pour leur conduite respective, le premier en 1793, le second en 1796. Ils ont tous trois encouru les justes reproches que nous avons fait à leur conduite ; ils ont mérité d’être traités comme ils l’ont été.