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Cette échauffourée d’Ambouille Marlot servit de prétexte à d’autres crimes vers Tiburon et dans tout le département du Sud, à de nouvelles rigueurs contre ses habitans.

Le Sud prit sa revanche à l’arrivée de l’armée sous les ordres du général Leclerc, qui venait pour faire autant et plus de mal encore ; mais du moins, la défection de ce département en entier contribua à la chute de T. Louverture. Des hommes énergiques se levèrent ensuite contre ces nouveaux tyrans ; et enfin, ils furent cause de la chute de Dessalines, pour le punir à son tour des excès qu’il y commit sous T. Louverture et sous son propre gouvernement.

On peut subjuguer le Sud, comme en 1800 ; mais il y a dans son tempérament, quelque chose de vivace qui sait faire explosion à un moment donné.


M. Madiou, déclare avoir eu « des renseignemens d’après lesquels T. Louverture aurait fait exécuter, pendant la guerre civile et après, sur tous les points de la colonie, 5000 hommes Rigaudins, de l’âge de quatorze ans à l’âge le plus avancé… Je n’entends pas, ajoute-t-il avec raison, excuser ces crimes abominables qui, plus tard, ont amené la chute violente de T. Louverture ; mais avant tout, il faut être vrai[1]. »

Pamphile de Lacroix porte le nombre des victimes à dix mille, d’après la voix publique ; il ajoute que T. Louverture, seul, a connu le nombre de ces hécatombes humaines[2]

  1. Histoire d’Haïti, t. 2, p. 68. À ce sujet, nous remarquons que M. Madiou appelle Rigaudins, les partisans de Rigaud, tandis que T. Louverture les appelait Rigaudistes. Nous avons lu une lettre de lui où cette qualification leur est donnée : elle fut adressée à Roume.
  2. Mémoires, t. 1 er p. 394.