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une combinaison des colons des Cayes, pour faciliter regorgement d’une foule d’individus, jusque-là épargnés par l’amnistie de T. Louverture.

L’un d’eux, nommé Collet, grand planteur, devenu en 1801 un des membres de la fameuse assemblée centrale dont nous examinerons les actes, employa à cet effet deux autres colons, Demuzaine Lagrenonnière et Codère, pour déterminer un homme de couleur du nom d’Ambouille Marlot, à se mettre à la tête d’un soulèvement : ils étaient liés intimement avec ce mulâtre. La nouvelle de la révolte de Cottereau était sans doute parvenue aux Cayes. Demuzaine et Codère persuadèrent le trop confiant Marlot, que c’était une insurrection générale dans le Nord, dirigée par le général Moïse contre son oncle : chacun connaissait les sentimens de Moïse au sujet de la guerre du Sud. Ils lui dirent aussi que Rigaud, ayant rencontré en mer une escadre française qui venait à Saint-Domingue, pour lui donner le commandement en chef et le soutenir contre T. Louverture, avait passé à Cuba afin d’y recueillir ses officiers : ils lui montrèrent de fausses lettres fabriquées dans le but de le convaincre. Le pauvre esprit de Marlot succomba à ce piège ; il ne pouvait supposer tant de perfidie de la part de ces deux blancs avec lesquels il était si lié : il avait oublié l’expérience faite depuis longtemps de leurs trames odieuses. Enfin, Marlot consentit à leurs propositions de se faire général de division de l’insurrection projetée, en même temps que Demuzaine se nommait adjudant-général, et Codère colonel de cavalerie. Ils furent immédiatement dans la plaine des Cayes recruter d’autres hommes de couleur et des noirs pour former l’armée : ces derniers s’empressèrent d’arriver sur le lieu convenu, et d’autres grades furent distribués. Ces faits