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donnent le succès aux armes de Rigaud. C’est encore le cas pour celui-ci de profiter de ses avantages ; mais il s’arrête de nouveau, comme pour attendre une approbation de la part du Directoire exécutif, dont la correspondance rendue publique aurait dû l’éclairer enfin sur la politique perfide de ce gouvernement.

En ce moment, toutes les sympathies sont en faveur de sa cause ; une révolte lointaine occasionne une diversion plus favorable encore, et il n’en profite pas.

T. Louverture se livre alors à tous les excès de la vengeance contre ceux qui témoignent ces sympathies, même contre ceux qu’il suppose, qu’il soupçonne en concevoir. Ses mesures barbares, ses cruautés atteignent la portion la plus éclairée de la population noire, au grand désavantage de sa race, au profit des seuls colons et du gouvernement de la métropole qui prépare la réaction contre cette race entière.

T. Louverture se fait ainsi l’agent de la destruction de ses frères, de ses neveux ; et en amoindrissant sa propre puissance, il doit infailliblement devenir victime de son aveuglement. Peu lui importe l’avenir, car il n’envisage que sa situation présente ; la terreur qu’il exerce, les moyens énergiques qu’il emploie, déterminent le succès en sa faveur : il ne marche donc dès-lors que de succès en succès ; et quoiqu’il rencontre encore une résistance courageuse, il finit par triompher complètement de Rigaud. À ce moment, il reçoit une nouvelle approbation de sa conduite, par le nouveau gouvernement qui s’est installé en France. Rigaud, condamné, est contraint de fuir pour s’y réfugier. La guerre civile est ainsi terminée.

Durant cette lutte désastreuse, la mésintelligence a éclaté entre T. Louverture et Roume, à propos de la partie