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commandement, indépendant du général en chef, ne relevant que de l’agent national. Contraint moralement à rester dans la colonie, Rigaud, de son côté, consent à l’abandon du territoire de deux communes qu’il tenait sous ses ordres depuis plusieurs années.

C’est dans le moment qu’il exécute cet abandon, que T. Louverture lance l’anathème contre lui et tout le parti qu’il représente ; c’est dans ce moment même que ce dernier fait opérer des arrestations et des massacres sur des hommes de ce parti, sous les yeux de Roume qui se retire avec lui, volontairement, loin du théâtre où les dissensions existent, où la guerre doit s’allumer. Ces provocations ont lieu dans le but de forcer Rigaud à prendre une position hostile ; car il le doit, il y est obligé, pour préserver son parti de la destruction dont on le menace. Les deux instrumens du Directoire exécutif connaissent sa fierté et savent ce que l’honneur lui dictera : ils le contraignent ainsi à se mettre en mesure de résister.

Immédiatement après, T. Louverture et Roume, agissant de concert, font une convention commerciale avec les États-Unis ; et cet acte est bientôt suivi de conférences secrètes entre l’agent de ce pays, un général anglais qui avait déjà jeté les bases d’une alliance, et T. Louverture, réunis sur le même point. L’agent de la France garde le silence sur ces conférences qui inquiètent toute la population noire ; et aussitôt qu’elles sont terminées, T. Louverture lance une diatribe pleine d’injures contre Rigaud, en le menaçant de tout son courroux, et en faisant marcher de nombreuses troupes contre lui.

Rigaud se plaint de tous ces actes à l’agent de la France dont le devoir, s’il n’en était pas le complice, devrait le porter à une désapprobation formelle de la conduite de