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Bellegarde, Dupont et Millet. On sait déjà comment les deux premiers passèrent dans le Sud. Dupont était dans l’armée venant du Nord, et Millet dans les troupes de l’Ouest ; ils passèrent dans les troupes du Sud à peu près en même temps que Pétion, pour fuir les proscriptions[1].

T. Louverture appelait trahison à su confiance, à l’honneur et à la République française, la résolution que ses crimes avaient contraint ces quatre officiers de prendre. Quand lui-même abandonna les Espagnols, la cause de Dieu et des Rois, en 1794, pour passer au service de cette République, eut-il d’autres pensées que de soustraire sa tête aux vengeances de Biassou, aux violences qu’il redoutait de la part de Jean François ? Leur querelle n’eut-elle pas pour origine, la prétention au commandement distinct dans les troupes sous les ordres de l’Espagne, comme celle de Rigaud avec lui ?

L’armée du Sud, comme celle du Nord, était sous le drapeau tricolore : on fuyait d’un camp dans un autre, soumis tous deux au même gouvernement. Mais quand T. Louverture concourait à obtenir que Neuilly, Lafeuillée, Brandicourt et tant d’autres, abandonnassent le drapeau tricolore, c’était une véritable trahison de la part de ces officiers français, qui passèrent sous le drapeau de l’Espagne. Lui trahit l’Espagne, puissance étrangère, pour revenir au milieu de ses frères, au service de la France en guerre avec elle. Son excuse est dans le résultat qu’ils obtinrent par son concours ; mais ce n’est pas moins une

  1. Bellegarde revint en Haïti, sous le gouvernement de Boyer. Il mourut colonel commandant l’arrondissement d’Azua, en avril 1836.

    Dupont, revenu avec l’expédition de Leclerc, servit de nouveau dans le Nord. En 1815, il fut envoyé par H. Christophe, en mission auprès de Pétion. Peu après, il fut assassiné par ordre de son Roi : il était Baron.

    Millet mourut en France.