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des Girondins, — et dans la convention nationale, par l’organe de Danton.

Elle ne l’est redevenue envers son ancienne colonie, que sous le gouvernement d’un Monarque qu’on a trop accusé de s’être imprégné de l’esprit révolutionnaire. Elle a complété sa justice envers toute la race africaine, envers une portion de cette race dans ses colonies actuelles, — justice encore préparée par le même Monarque, — le jour où une nouvelle révolution populaire a appelé au timon des affaires, de vrais philanthropes qui ont honoré leur pays dans leur court passage au pouvoir. Tant il est vrai de dire, que les révolutions seules savent inspirer aux Nations des idées généreuses et grandes, dans l’intérêt de l’Humanité.


Il est curieux de lire dans les instructions de T. Louverture, cette sorte de prévision d’un sort semblable, pour lui, à celui de Rigaud, par le soin qu’il mit à lui donner l’assurance qu’il traiterait sa famille avec égard et considération, s’il voulait la laisser dans la colonie. Ce pressentiment, au moment de son triomphe, est remarquable[1]. Serait-ce au langage intérieur qu’entend souvent l’homme le plus heureux, ou à l’ironie, qu’il faut attribuer l’assurance qu’il fait donner ensuite au vaincu, qu’après avoir fait sa soumission à Roume et à lui, Rigaud pourrait retourner à son commandement de l’armée du Sud ? T. Louverture nous a autorisé, malheureusement pour lui, à tout soupçonner, tout douter de sa part.

Il n’exceptait de l’amnistie qu’il promettait, pour être punis seulement de quelque temps d’arrêt, que Pétion,

  1. Il était réservé à Boyer de traiter avec égards et considération, la famille de T. Louverture résidant en France, en lui faisant restituer ses biens immobiliers.