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de cette disposition fâcheuse de son esprit, pour faire circuler que la guerre du Sud était excitée par la métropole, qui laissait s’entre-détruire toute la population de couleur de sa colonie, pour arriver plus facilement au rétablissement de l’esclavage [1].

En écrivant ces lignes, cet auteur oubliait ce qu’il avait tracé en commençant le même chapitre de son livre d’où nous les avons extraites : il y convenait que « la fatalité semblait avoir prédestiné Saint-Domingue à voir naître ses maux des pouvoirs de la métropole. »

Si les Anglais firent circuler de tels bruits, les Anglais étaient dans le vrai ; car ce n’est pas à eux, nous le répétons ici, qu’on doit attribuer la guerre civile du Sud.

Que le retard mis au départ des trois agens ait été occasionné par une circonstance quelconque, toujours est-il que le résultat fut le même. La guerre civile qui aurait pu être terminée dès le mois de février, par les ordres du gouvernement français, ne le fut qu’en juillet ; et le sang des défenseurs de Saint-Domingue contre les Anglais, fut versé par la volonté des gouvernemens directorial et consulaire.

Nous ajoutons à cet égard, comme une justice à rendre à la mémoire de Sonthonax, si souvent blâmé par nous, que nous avons lu des notes manuscrites de lui, dont copie fut donnée au ministre de la marine en décembre 1799, où il proposait au gouvernement de faire cesser la guerre entre Rigaud et T. Louverture, en envoyant à Saint-Domingue trois proconsuls qui auraient mission de laisser le premier dans son commandement du Sud, le second dans celui du Nord, en gouvernant la colonie au nom de

  1. Mémoires, etc. t. 1er p. 384.