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encore au Port-Républicain, dit-il, quand je partis précipitamment pour le Nord et me rendis auprès du peuple qui, s’étant réuni en masse, demandait l’embarquement de l’agent, et que je prisse les rênes du gouvernement : bien loin d’adhérer à sa demande, je le blâmai fortement, et je lui fis entendre raison… » Il méditait dès-lors d’absorber l’autorité de Roume, pour prendre effectivement les rênes du gouvernement : c’est ce qui arriva avant la fin de l’année 1800, afin de pouvoir entrer librement dans la partie espagnole.

Cette lettre maintenait la mission du général Agé ; mais, arrivé au moment de la signer ; il lui dit : « Réflexions faites, pour ne pas abandonner un représentant de la nation française à de nouvelles vexations, je vous ordonne de quitter Santo-Domingo et de vous rendre au Port-Républicain. » Immédiatement après l’avoir écrite, T. Louverture partit pour Léogane.

Le lendemain, le général Agé arriva au Port-au-Prince : il y trouva encore cette lettre écrite la veille. Il s’empressa d’écrire à Don Garcia pour protester contre toutes les insultes personnelles qu’il avait reçues à Santo-Domingo, contre l’injure faite au général en chef et même à Roume : il lui rendit cependant témoignage de la bonne conduite des hommes de son escorte envers lui, des attentions dont il avait été l’objet de la part des cabildos de Bany et d’Azua. Il se rendit ensuite à Léogane auprès de T. Louverture.

Le même jour, 4 juin, ce dernier adressa une lettre, de Léogane, à Don Garcia, pour lui exprimer sa surprise, son étonnement de la manière dont le général Agé avait été traité à Santo-Domingo. « Je ne puis vous dissimuler, M. le Président, combien cette insulte est grande, de gouvernement à gouvernement, surtout liés par l’union la