sibles habitans de la partie espagnole ; et puisque je suis dans l’alternative d’être sacrifié ou de demander cette prise de possession, mon choix est fait. La France me vengera ; frappez !… »
T. Louverture qui ne savait pas reculer, lui dit alors, avec non moins d’énergie : « Si vous ne signez pas un arrêté pour m’autoriser à cette prise de possession, c’en est fait de tous les blancs de la colonie ; et j’entrerai dans la partie espagnole la torche et le fer à la main. »
Les membres de l’administration municipale, plus effrayés peut-être que Roume, le supplièrent de céder ; ils lui firent une adresse au nom du peuple assemblé, en le requérant de remplir ses vœux. Et Roume céda[1] ! Voici ces deux pièces d’une scène tragi-comique :
À l’agent Roume.
Citoyen agent, — Nous avons eu connaissance des peines que vous avez prises pour faire cesser dans la partie ci-devant espagnole, l’infâme abus qui s’y est introduit depuis que vous en êtes parti, de vendre et de traiter comme esclaves, des citoyens français conduits de la partie française à celle-là. — Le cri public s’est élevé contre un abus qui insulte à la majesté du peuple français ; ce peuple aussi vertueux que courageux s’est prononcé ; il demande par notre organe, qu’en vertu du traité de Bâle et des instructions dont vous êtes porteur, vous fassiez immédiatement prendre possession de la ci-devant partie espagnole.
Nous vous requérons, citoyen agent, au nom du salut public, de concerter avec le citoyen général en chef, les moyens les plus convenables
- ↑ Nous avons puisé tous ces faits dans ! e rapport d’A. Chanlatte. Dans sa Vie de Toussaint Louverture, p. 278 à 280, M. Saint-Rémy les relate différemment : il n’attribue qu’à Moïse les violences faites à Roume, dans la maison qu’il occupait. Mais nous avons lieu de croire qu’il confond ces faits avec ceux qui eurent lieu, à l’occasion de la réclusion de Roume au Dondon, en novembre 1800.