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Les motifs qu’eut l’amiral Seymours, commandant la station navale de la Jamaïque, pour en agir ainsi, étaient fondés sur une tentative d’insurrection faite dans cette île par Roume, qui y envoya peu avant deux blancs, Dubuisson et Sasportas, pour nouer des intrigues dans ce but. Dénoncé et arrêté, le premier dénonça à son tour son compagnon qui fut pendu, et Dubuisson obtint son honteux pardon du Lord Gouverneur. Néanmoins, ce dernier fit une proclamation à cette occasion, où il justifiait T. Louverture de toute participation à cette tentative d’insurrection, qu’il n’attribua qu’à Roume ; mais les navires capturés ne furent point rendus, attendu qu’ils portaient le pavillon français[1].

La nouvelle de la fuite des quatre officiers supérieurs de Jacmel étant parvenue au Grand-Goave, les chefs qui s’y trouvaient déplorèrent le triste sort des braves troupes, deux fois abandonnées par ceux qui devaient les guider.

Mais Pétion éprouva une véritable indignation de cet oubli du devoir militaire, une sympathie indicible pour la garnison entière, pour cette valeureuse légion de l’Ouest

  1. M. Madiou a commis plusieurs erreurs à l’occasion de ces faits : il place la capture de ces navires au mois d’août ; il donne à la proclamation de T. Louverture contre Rigaud la date du 11 septembre, tandis qu’elle est du 11 novembre. L’erreur est encore plus grave à propos de la mission de Dubuisson et Sasportas : il la place en décembre 1801, lorsqu’elle a eu lieu deux années plus tôt. À ce sujet, nous nous fondons sur le rapport de Kerverseau qui ait : « La tentative faite par Roume d’insurger la Jamaïque, irrita contre lui (T. Louverture) les habitans de cette île, et décida l’amiral Seymours à des hostilités contre ses bâtimens armés…  » Kerverseau dit ces choses en parlant de la guerre civile du Sud. Un rapport d’A. Chanlatte au ministre de la marine, dit que cette tentative d’insurrection eut lieu en brumaire an 8, fin d’octobre ou novembre 1799.

    T. Louverture avait trop d’intérêt à ménager les Anglais, surtout en décembre 1801, pour rien tenter contre la sûreté de la Jamaïque : il attendait l’expédition française. Voyez Histoire d’Haïti par M. Madiou, t. 1er p. 350, t. 2, p. 129.