Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 4.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pendant du général en chef ; et, c’est cependant celui-ci, et non pas l’agent, qui le requiert, qui lui ordonne de venir au Port-Républicain. Mais, comme l’agent connaît la fierté de Rigaud, et qu’il n’ignore pas la correspondance qui a eu lieu entre lui et T. Louverture depuis le départ d’Hédouville, Roume joint une lettre à celle du général en chef : pour le déterminer à venir, il lui parle de son zèle pour la France et Saint-Domingue, il lui fait cette demande au nom du gouvernement national.

Avant de partir de Santo-Domingo, il y avait fait venir Kerverseau, qui était à Saint-Yague, pour le remplacer comme agent dans la partie espagnole. Le 25 janvier, il écrit à Kerverseau qu’il a vu T. Louverture : « C’est un philosophe, un législateur, un général et un bon citoyen. » Probablement, c’est cette lettre qui aura porté Kerverseau à dire, dans son rapport au ministre de la marine, « qu’il eût été difficile de fabriquer un personnage plus propre, dans les conjonctures, au rôle qu’il convenait à Toussaint de lui faire jouer. » Kerverseau avait mieux connu ce dernier que Roume ; il l’avait souvent vu au Cap, et il l’avait parfaitement observé. Roume aussi, dans sa première mission, en 1791, avait vu T. Louverture au Cap, venant accompagner les prisonniers blancs que Jean François avait renvoyés sur l’invitation de la commission civile ; et il est possible que cette réminiscence contribua à la haute idée qu’il concevait de lui en 1799. Mais nous voyons en Roume, en ce moment, l’agent fidèle à la politique du Directoire exécutif, revêtu de ses doubles instructions, accomplissant avec intelligence, sous l’apparence de la bonhomie, le but que se proposait cette politique.

Le 26 janvier, Rigaud, en accusant réception à Roume de sa lettre du 17 et envoyant auprès de lui le chef de ba-