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des mains débiles du Directoire en celles de Bonaparte, revenu d’Egypte[1].

T. Louverture ordonna à Dessalines de tout tenter pour enlever la position de Bellevue, afin de refouler les troupes du Sud au-delà du Grand-Goave et de pouvoir se ménager une attaque contre Jacmel. Le départ de Bauvais lui fît entrevoir plus de possibilité d’enlever cette place qui devenait essentielle au succès de sa guerre. Il jugea avec raison que Jacmel tombant en son pouvoir, il envahirait le Sud par toutes les issues.

Jusque-là, il n’y avait eu que de continuelles escarmouches du côté de Bellevue. Mais le 22 octobre, ce poste, attaqué avec vigueur par l’artillerie de terre et par celle d’une corvette et d’une goélette, après deux journées d’une résistance opiniâtre dirigée par Pétion, R. Desruisseaux et Toureaux, fut évacué par eux. Là périt le brave colonel Tessier, l’un des meilleurs officiers du Sud. Toureaux fit également évacuer deux autres postes par Faubert et Dartiguenave ; et ces troupes rentrèrent au Grand-Goave, s’appuyant sur le blockhaus de Thozin.

Dessalines ne poussa pas plus loin ses avantages, par les motifs exprimés ci-dessus : aussi bien, il eût pu être encore battu devant Thozin, dont la position était avantageuse pour l’armée du Sud.

Il s’agissait maintenant de se diriger contre Jacmel. La position de Bellevue reçut deux demi-brigades : d’autres

  1. Suivant le Moniteur du 10 vendémiaire an 8 (2 octobre 1799), le général Laveaux donna sa démission de membre du conseil des Anciens, parce qu’il s’agissait alors de l’envoyer à Saint-Domingue comme agent du Directoire. Celui du 23 dit qu’il partit en cette qualité pour la Guadeloupe, le 12 octobre. Celui du 24 vendémiaire parle encore d’une mission que devait aller remplira Saint-Domingue, M. Saint-Léger, l’ancien collègue de Roume en 1791. Ce projet n’eut pas de suite.