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Après les affaires du Nord, T. Louverture avait nommé Moïse au commandement en chef de cette partie, pour le tenir éloigné de l’armée qui allait reprendre l’offensive contre celle du Sud. En même temps, il donna à Dessalines le commandement en chef de son armée et du département de l’Ouest, ayant sous ses ordres les généraux Clervaux et Laplume, et le colonel H. Christophe. Par un arrêté du 4 octobre, Roume confirma ces dispositions.

Cet habile T. Louverture s’étayait toujours ainsi de l’autorité qui représentait le Directoire exécutif. Ils s’entendirent pour expédier à cette époque, le colonel du génie Vincent, chargé d’aller exposer au Directoire exécutif la situation des choses, et sans doute pour lui demander de nouvelles instructions, à raison de la résistance de Rigaud.

Ici encore, nous ne copions ni Pamphile de Lacroix, ni M. Madiou, qui représentent la mission de Vincent comme étant la preuve des profonds regrets de Roume par rapport à la guerre civile. Ce colonel ne fût pas parti si cela n’entrait pas dans les vues de T. Louverture[1]. Il arriva à Lorient, sur l’aviso l’Enfant Prodigue, le 25 novembre : déjà les rênes du gouvernement avaient passé

  1. Nous ne savons pas nous laisser éblouir par des phrases telles que celle-ci, que nous lisons dans Pamphile de Lacroix : « L’inhumaine politique étrangère paraissait insensible à cette guerre qui ne coûtait, disait-elle, que du sang africain.  » C’est de la Grande-Bretagne et des États-Unis que cet auteur parle ainsi.

    Mais, que faisait la politique nationale au sujet de cette guerre ? M. Madiou nous répond : « Le gouvernement des consuls suivra à l’égard de Saint-Domingue, la même politique que le Directoire. »

    Roume obéissait donc à cette politique nationale ; il n’était donc pas effrayé des horreurs qui se renouvelaient chaque jour ! À son arrivée en 1796, il avait dénoncé ce plan de la faction coloniale ; mais ensuite il fut pourvu d’instructions pour l’exécuter : il suivit ses instructions en agent fidèle, comme Sonthonax et Hédouville avaient suivi celles qu’ils reçurent.