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en juillet, où Rigaud n’était pas à la tête de son armée, il en mentionne trois autres dans le mois d’août, où il a dirigé lui-même les opérations militaires[1]. Il est vrai qu’il le fait partir pour les Cayes au moment où un dernier combat contraint Dessalines à abandonner définitivement le Grand-Goave. Mais ce fait est encore démenti par des témoignages des acteurs du temps, qui rapportent que Dessalines fut refoulé au-delà de Bellevue, dans le combat où Rigaud fut blessé. Or, la révolte du Môle eut lieu à la mi-juillet et fut comprimée à la fin d’août ; et durant le mois d’août, Rigaud était à la tête de son armée. Donc, il soutenait cette révolte en combattant au Grand-Goave.

Mais, nous nous accordons avec le même auteur, quand il dit de Rigaud :

« Par une inconcevable hésitation, il ne voulut pas, lui si audacieux, pousser ses conquêtes au-delà de Léogane (ou plutôt du Grand-Goave, puisque Léogane n’était pas en son pouvoir), déclarant qu’il s’en tenait au commandement que lui avait confié Hédouville. Toussaint, général en chef de la colonie, nommé par le Directoire, ne l’eût jamais souffert indépendant de son autorité. Il devait, une fois la guerre commencée, s’efforcer de écraser son rival. [2] »

Oui, c’est là le reproche que nous faisons aussi à Rigaud ; et s’il le mérite, s’il l’a encouru, c’est que l’homme politique, en lui, était inférieur à l’homme de guerre : il ne comprit pas sa position.

  1. Histoire d’Haïti, t. I. p. 347 et 348.
  2. Ibid. p. 351.