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argent, c’est une preuve que la caisse publique pouvait y subvenir. Dès lors, pourquoi l’ordonnateur voulut-il changer le mode de paiement, pour donner à ces officiers un papier-monnaie évidemment déprécié de sa valeur, à 50 % puisqu’il le donnait à raison de 99 livres ? Et au Port-de-Paix, n’avait-il pas aussi des ressources financières, pour ne pas y créer ce papier-monnaie ? Et c’était au moment où la Vénus venait d’apporter de l’argent de France, qu’il contraignait les officiers à recevoir son papier ! Ce fait seul condamne une telle mesure ; et ce Ponsignon nous semble être un compère aposté pour faciliter l’émission du papier-monnaie, en l’achetant à vil prix des mains des officiers.

Après avoir envoyé Grandet au Fort-Dauphin, Laveaux avait expédié une députation qui devait, de là, se rendre à Santo-Domingo pour en prendre possession. Mais le 7 novembre, Mauban, auditeur des guerres et chef de cette députation, lui écrivit pour l’informer que le marquis de Casa Calvo ne voulait pas qu’elle continuât sa route, attendu que Don Garcia avait été autorisé par la convention nationale, à continuer d’administrer l’ancienne partie espagnole, jusqu’à ce que le gouvernement français jugeât opportun d’y envoyer un général et des troupes pour en prendre possession. La députation dut revenir au Cap.

Effectivement, le gouvernement français s’était entendu à ce sujet avec la Cour de Madrid. Ce n’est que quelques mois après, qu’il prit des dispositions à l’effet de faire occuper la partie espagnole.

Pendant que Laveaux se débattait au Cap contre ce qu’il appelle les tracasseries des officiers de la garnison et des citoyens, il écrivit à T. Louverture pour l’informer de ces faits. Nous remarquons qu’il ne se sert que de ce mot à