Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins curieux de voir qu’il a prévu ce qui entrerait dans les desseins qu’on prête de nos jours aux États-Unis, de faire la conquête des Antilles. Avant Boissy-d’Anglas, Turgot, consulté par Louis XVI sur l’intervention réclamée de la France par les colonies anglaises insurgées, avait entrevu la possibilité de tels desseins de la part de ce pays.


Dans le moment où la convention nationale rendait son décret proposé par Defermon, l’Espagne consentait à la cession de sa colonie de Saint-Domingue en faveur de la France : elle eut lieu par le traité de paix conclu à Bâle, le 22 juillet. L’article 9 du traité portait :

« En échange de la restitution portée par l’article 4 (celle des places prises par la France en Europe), le roi d’Espagne, pour lui et ses successeurs, cède et abandonne en toute propriété à la République française, toute la partie espagnole de l’île de Saint-Domingue aux Antilles.

Un mois après que la ratification du présent traité sera connue dans l’île, les troupes espagnoles devront se tenir prêtes à évacuer les places, ports et établissemens qu’elles y occupent, pour les remettre aux troupes de la République française au moment où celles-ci se présenteront pour en prendre possession. Les places, ports et établissemens dont il est fait mention ci-dessus, seront remis à la République française avec les canons, munitions de guerre et effets nécessaires à leur défense, qui y existeront au moment où le présent traité sera connu à Saint-Domingue.

Les habitans de la partie espagnole de Saint-Domingue qui, par des motifs d’intérêt ou autres, préféreront de se transporter avec leurs biens dans les possessions de