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taire, le comité ajoutait : « Le seul vœu que nous ayons à former, c’est qu’il s’occupe avec soin d’établir une grande discipline dans sa troupe, et de prouver, par son exemple, qu’il est convaincu que la subordination dans le service est la principale garantie des succès militaires. »

Or, Villatte avait résisté avec succès aux Espagnols et aux Anglais ; il y avait donc discipline et subordination dans sa troupe. Mais la subordination dont parle le comité était relative à Laveaux : celui-ci l’avait dénoncé sous ce rapport, en faisant l’éloge contraire de T. Louverture. Si ce gouverneur général n’avait pas pu contenir son mécontentement et ses préventions, le gouvernement français se trouvait lui-même prévenu contre Villatte.

Nous remarquons encore les passages suivans dans le rapport du comité :

« Les colons ont mieux aimé se jeter sous une tyrannie étrangère que de renoncer à posséder des esclaves. Si vous consultez les colons qui sont en France, presque tous aussi attachés à l’esclavage que les nobles l’étaient a leurs vassaux, ils vous diront que sans l’esclavage les colonies sont perdues, et qu’elles ont mieux fait de se livrer aux étrangers que de se laisser enlever la propriété de leurs esclaves… C’est à l’effervescence des passions, sous un soleil brûlant, qu’il faut attribuer, en grande partie, les désastres de la colonie : la liberté ne devait peut-être y être portée qu’avec des ménagemens… Qu’on ne parle plus de la nécessité de l’esclavage pour la culture… Voulez-vous consolider le bonheur de ces hommes (les noirs) attachés à la patrie ? Voulez-vous accroître leur courage et leur dévouement ? Eloignez d’eux toute inquiétude, toute incertitude sur leur sort ; que l’Africain