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injures artificieusement combinées de ses adversaires. »

Un autre événement nuisit à l’éclaircissement de bien des faits passés dans l’Ouest et le Sud : ce fut la capture par les Anglais, d’un bâtiment sur lequel Rigaud avait expédié un grand nombre de papiers des archives de la commission civile. Si la commission des colonies les avait eus sous les yeux, son intelligent rapporteur eût pu suppléer en partie au manque d’explications résultant de la mort de Polvérel.

Nous regrettons que ce commissaire n’ait pas eu le temps d’arriver au chef d’accusation, où la conduite des hommes de couleur de l’Ouest et du Sud a été examinée. Nous aurions aimé à trouver cette appréciation de la part de Polvérel, surtout lorsque survinrent les trahisons de beaucoup d’entre eux, tant envers la cause de la France qu’envers celle de la liberté générale. Sonthonax a peut-être assez dit à ce sujet pour fixer l’opinion de la postérité, et nous avons déjà cité la sienne propre en divers endroits du deuxième livre. Nous avons même pris acte de ses aveux à cet égard. Nous ne les répéterons pas ici, même au moment que nous allons bientôt parler de son retour à Saint-Domingue, où il a agi à l’égard des hommes de couleur d’une manière que nous examinerons, pour reconnaître s’il ne fut pas en contradiction avec lui même.

Quoi qu’il en soit, disons que les débats se terminèren à la fin du mois d’août 1795. Garran de Coulon, président de la commission, fut chargé de la rédaction du rapport qu’elle présenta à la convention nationale. Déjà ce procès, recueilli en neuf volumes par les sténographes, imprimés successivement et livrés à la convention et au public, avaient préparé l’opinion sur le jugement à porter dans