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assignant à chacun l’étendue du territoire qu’ils devaient commander. Incapable peut-être de rien décider sans l’aveu de T. Louverture, il se met à sa merci. Celui-ci, en employant dans sa réponse les formes les plus propres à dissimuler sa propre décision aux yeux du gouverneur, raisonne d’ailleurs parfaitement la situation des lieux et des choses ; et il n’insiste pas moins, pour faire sentir à son supérieur qu’il faut lui céder. Nous ne trouvons encore rien dans cette réponse, qui décèle une animosité personnelle du noir contre le mulâtre ; mais seulement la jalousie du pouvoir, de l’autorité entre eux.

Le 13 octobre, T. Louverture était rendu à la Marmelade, d’où il écrivit à Laveaux, qu’il s’y est porté pour déjouer des trames ourdies au Dondon, à Plaisance, et à la Marmelade même.

« J’ai lu et relu, dit-il, avec la plus scrupuleuse attention tous les bons conseils que vous voulez bien me donner. Je les reçois avec reconnaissance, comme un fils respectueux reçoit ceux de son père, pour les mettre à profit. Soyez sûr que je les ai profondément gravés dans mon cœur, et que je ne m’en écarterai jamais. Combien je vous aurai d’obligations, si mes travaux sont agréables et utiles à ma patrie ! C’est à vous que j’en serai redevable ; aussi pouvez-vous compter sur toute ma reconnaissance et sur une soumission sans réserve à tout ce que vous me prescrirez. — Il se répand partout, des bruits de paix avec l’Espagne. Faites-moi le plaisir de m’instruire au juste de qui en est. Je n’ajoute pas facilement foi à ce qui ne vient pas de vous. »

Le lendemain de la date de cette lettre, Jean François fit un dernier effort pour s’emparer des points où com-